Si l’année 2006 voit le début de transposition du cadre règlementaire de Bâle II notamment en France, les discutions concernant les réformes pour Bâle III débutent dés 2008 en pleine période de crise financière. Deux reproches reviennent systématiquement :
- le manque de réajustement de la valeur des deux ratios de McDonough (8% et 4%). Alors que la prise en compte du risque opérationnel dans le calcul de risque a élargi l’assiette de risque pris en compte, il apparait qu’il faut proposer une nouvelle base de calcul.
- La plus forte pro-cyclicité du ratio de McDonough comparativement au ratio de Cooke lié au mode de calcul utilisé. Cette pro cyclicité se manifeste du fait qu’une partie du capital est corrélé avec les « business cycles » ce qui engendre des effets procycliques tant en période de crise qu’en période de forte croissance.
Si les banques sont en plus affectées par le ratio de McDonough ça résulte des couts d’ajustement propres aux banques quand elles essaient d’atteindre le minimum de capital requis. Si par exemple elles vendent des actifs ou font une levée de capital par émission de titres, elles deviennent très préjudiciables à une dégradation de leur cote (ce qui accentue le minimum de capital requis). Pour contrer ces effets, elles vont limiter les crédits, mais aussi réduire très nettement les dividendes et souvent lever du capital par émission d’emprunt. Ces mesures ont des externalités qui peuvent se révéler importantes : "Les couts de réputation et les réactions négatives des marchés financiers" et par extension de tous les autres agents.
C’est la raison de l’important assèchement du crédit constaté en 2008. Les pertes des banques en périodes de récession sont compensées par une diminution du montant des prêts pour arriver à détenir le capital minimum requis. Car les banques ont tendance à ne pas vouloir se séparer d’actifs qu’elles détiennent pour augmenter leurs réserves de capitaux. Cela parce qu’elles estiment difficile, voir couteux en temps de crises de vendre ses actifs ( : importante moins-value de résiliation en période de récession liée à la baisse des anticipations des revenues futures) et aussi que la vente d’actif entraine une baisse considérable de la valeur de l’action de la banque ce qui complique encore plus sa situation. Elle pourrait aussi bien se contenter d’émettre de nouvelles actions, mais l’inquiétude du public pourrait anéantir les effets, soit parce que les actionnaires actuelles craignent qu’en fait cette opération vise avant tout à trouver du capital pour les créditeurs en cas liquidation, soit que les nouveaux actionnaires déduisent en l'absence de visibilité que la banque émet des actions, car elle est justement en difficulté.
Une des solutions proposées est le volant de fond propre ou buffer contra-cyclique. Il est sensé permettre la constitution d’une réserve d’argent en cas de récessions et par un mécanisme d'ajustement permettra la baisse instantanée du ratio en cas de récessions enfin de permettre aux banques de prêter plus qu’elle ne l’aurait fait avec le système en vigueur au moment de la crise. Les banques pourraient vendre moins d’actifs pour faire face à la crise, de plus elle pourrait continuer de soutenir le financement de l’économie réduisant d’autant les anticipations à la baisse des commandes des entreprises. Un autre effet et que les détenteurs d’actifs mobiliers qui connaissent en temps de crise un effet de richesse négatif (les poussant à reporter/limiter leur consommation) pourraient regagner de la confiance. La mesure serait macroprudentielle, car elle permettra d’abord d’éviter qu’une crise financière ne s’amplifie et ne se propage à tout le système.
Le buffer permettra aussi de limiter l’offre de crédit qui est souvent démesurée en période de boum. Cela aura pour effet de limiter le gap d’offre de crédit entre les périodes de crise et de croissance, car le changement brusque avec une grosse amplitude entraine souvent des effets encore plus désastreux pour l’économie.
Dans le prochain billet j'aborderais plus en détail les buffers contra-cyclique, en attendant n'hésitez pas commenter.
