Est-ce que la manière d’implémenter le buffer en capital peut influencer l’efficacité ? En fait, il faut d’abord distinguer deux variables explicatives qui jouent sur l’efficacité. Il y a d’abord le timing et ensuite l’amplitude des changements dans le ratio. Le timing peut être vu sous deux angles : le moment optimal où on décide d’appliquer les buffers et les délais d’ajustement qui seront laissés aux banques. Un délai trop court laisse trop peu de temps aux banques pour s’ajuster et le cout peut se révéler très important. À contrario si le régulateur veut baisser le ratio, il doit aussi choisir le moment optimal pour le faire, sachant que si le cout pour le secteur bancaire est négligeable, l’économie réelle peut en être fortement affectée. Concernant l’amplitude, il est important pour le régulateur de choisir une valeur optimale, en prenant en compte deux contraintes: une trop forte amplitude augmente le risque de défaut des banques, alors qu’une faible amplitude aura très peu d’effet sur la limitation d’un « crédit Crunch
Règle Vs. Discrétion
Sur la mise en œuvre, le régulateur doit aussi faire un Trade off entre suivre une règle prédéterminée ou utiliser des mesures discrétionnaires. La difficulté́ réside dans le fait que le régulateur doit estimer les bénéfices (souvent immédiat) et les couts (souvent étalées dans le futur et incertains).
Dans le cas d’un choix d’une règle, la question ne se pose pas, car on se contente de suivre une règle prédéterminée. Pour cette approche, le régulateur joue un faible rôle sur les mesures présentes. Car tout est basé sur une formule prédéfinie, dont les variables seraient les valeurs extraites de l’information. Pour ca, on ne prend qu’un certain nombre de paramètres observable de tous. Cela réduit donc la quantité́ d’information disponible utilisable. Le côté positif et que ca annule les effets d’incohérence temporelle, car les agents savent que seule la formule sert de base aux décisions. De plus, les banques n’ont pas de surprise au moment de l’annonce du ratio qui sera requis. Les banques peuvent elles même procéder à leur calcul pour jauger les décisions futures.
En cas de choix de décision discret ; le régulateur se base sur le maximum d’information pertinente disponible. La qualité́, voire l’exactitude de l’information est primordiale pour éviter de faire des erreurs. C’est le gros avantage du choit discret. Le régulateur possède une information sur les différents intervenants du marché bancaire, y compris les banques dans leur ensemble. Le problème est que le régulateur peut dévier de son objectif de maintien de la stabilité́ du système bancaire. Cela peut par exemple se produire en relâchant fortement les ratios, pour par exemple insuffler une croissance forte dans le pays sous la pression de lobby de toute sorte. Ce problème se pose déjà dans le cadre des politiques monétaires lorsque la banque centrale n’est pas indépendante ou qu’elle doit rendre des comptes. En fait, la croyance du marché quant au sérieux du régulateur dans son maintien des objectifs est primordiale pour éviter les problèmes d’incohérence temporelle. Un autre problème lié au caractère discrétionnaire et le côté imprévisible des mesures qui peuvent être prises et surtout de l’impact soudain qu’ils peuvent causer sur la confiance des agents.
Comme on l’a vu, le problème de la règle est qu’elle ne permet pas de déviation à court terme pour se concentrer sur d’autres objectifs. Si malgré́ tout, la règle utilise moins d’information disponible, le risque d’un « crédit Crunch » sévère est moins important lorsqu’on utilise la règle. De plus, les gains liés à la transparence sont relativement importants. Dans les propositions de la Bâle (BSCS, 2010), on fait l’hypothèse d’un model de pouvoir « discrétionnaire limité », où le processus de décision serait abondamment commenté et documenté. Le but serait de pouvoir utiliser toute l’information disponible, et pallier le problème d’incohérence temporelle en donnant des objectifs de fonds. En contrepartie, les agents externes ne pourraient pas eux même estimer/anticiper les politiques futures, car le banquier central utilise une information privée qu’il est souvent seul à détenir. Un autre problème qui se poserait serait le temps qu’il faudrait à l’autorité́ de régulation pour être crédible, c’est-à-dire que le temps qui sera nécessaire pour que les agents considèrent les prises de position du régulateur comme crédibles.
Comme on le voit la mise en place des buffers nécessitera une surveillance accrue pour mesurer les premiers effets. De plus, comme il s'agit du seul outil d'atténuation de la pro-cyclicité prévue dans Bâle III, on comprend toute l'importance de la réussite de sa mise en place. Finalement il apparait de plus en plus que sa transposition dans les différentes juridictions prendra du temps du fait notamment des désaccords sur les variables à utiliser. Je reviendrais sur le sujet un peu plus tard, et prochainement j'aborderais un autres sujet sensible tant il attisé les passions au moment de la crise: "Les agences de notations". Comme toujours n'hésitez pas à commenter.
Comme on le voit la mise en place des buffers nécessitera une surveillance accrue pour mesurer les premiers effets. De plus, comme il s'agit du seul outil d'atténuation de la pro-cyclicité prévue dans Bâle III, on comprend toute l'importance de la réussite de sa mise en place. Finalement il apparait de plus en plus que sa transposition dans les différentes juridictions prendra du temps du fait notamment des désaccords sur les variables à utiliser. Je reviendrais sur le sujet un peu plus tard, et prochainement j'aborderais un autres sujet sensible tant il attisé les passions au moment de la crise: "Les agences de notations". Comme toujours n'hésitez pas à commenter.